Besoin d’espace


Pas plus tard qu’hier, j’étais au bord de l’océan.
Il était midi et le soleil, au plus bas de l’année, transperçait la brume de ses rayons glacés.
A l’horizon, point d’horizon sinon le ciel et les flots intimement liés.

Inutile d’expliquer aux chasseurs de recettes qu’il suffit toujours d’être présent, à un endroit précis, à un moment précis, pour sentir le souffle de l’extase.

Tellement simple.
Sans la moindre anecdote.

Après deux heures passées, dans la brume, dans la lumière ; deux heures absorbée par cet « entre-deux » presque lisse et néanmoins si puissant ; deux heures si courtes et si longues, intensément vécues sous la caresse subtile d’un souffle pénétrant de froidure ; après ce temps, il fallait atterrir.

Le corps engourdi, lourd.
L’esprit envolé, haut.

C’est alors que je me suis surprise, étalant sans vergogne matériel, sac et vêtements sur un espace démesuré.
Amusée, je pointais du doigt cette surprise à l’attention de la personne qui venait de vivre, elle aussi, cette session hivernale.
« C’est exactement comme lorsque je suis seule à bivouaquer dans un coin désert. »

Ce matin, j’ai encore la saveur du sel sur les lèvres.

Cet espace, ce besoin d’espace me parait essentiel.

Dans ce monde bousculé,
Surpeuplé,
Dans ce monde si chargé,
De futile, d’inutile, d’encombrants petits riens soit disant indispensables,
L’expérience de l’espace parle.
Fort.

2 réflexions sur « Besoin d’espace »

  1. Frédérique

    J’aime également m’étaler… est-ce une façon d’occuper/marquer le territoire (comme si je proclamais « ici je suis, ici je reste ») ? Ou une façon de marquer une limite et donc, quelque part une protection (j’occupe l’espace, et tout ce qui rentre dans cet espace rentre dans une zone personnelle symbolisée par l’étalement… intrusion que j’accepte ou non) ? Peut-être un peu des deux…

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    1. Joelle Auteur de l’article

      Je sais pas pour toi 😉
      De mon côté quand ça se produit, ce n’est pas tant pour « marquer mon territoire » car si quelqu’un arrive, je lui cède le terrain avant même d’être sollicitée pour le faire, que pour valider le fait d’une ample respiration, de l’absence de toute contrainte imposée par la présence « des autres » 🙂

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