Plans, objectifs, etc (2)

En pays cathare lors de la randonnée des vacances, lors d’une conversation avec un de ces jeunes gens remplis d’idéaux, la question de la liberté avait été abordée.
Tandis que j’évoquais à la fois mon chemin et mon désir de « liberté », il n’avait pas manqué de me titiller, de m’interroger :

« Mais… Tu parles de liberté et tu as prévu d’aller vers l’ouest en un mois. Si tu trouves un coin joli où tu te sens bien, la liberté ne serait-elle pas celle de rester dans ce coin aussi longtemps que tu en as envie? »

La question était si précise et tellement en harmonie avec ce que je percevais de ce jeune gars et de ses idéaux que je suis partie paisiblement sur un autre sujet à l’aide des mots magiques : « OUI… ET… »

Car, parmi les mots qui engendrent des situations pathologiques, des situations dramatiques et des jeux formidablement théâtraux, il y a le mot « liberté ».

Quiconque côtoie des adolescents, ces délicieuses personnes sorties de l’enfance et pas encore assez mûres pour qu’il soit possible de les cueillir adultes, quiconque côtoie, croise ou se lie d’amitié avec ces fascinantes personnes note la récurrence de certaines expressions telle que :

J’ai pas envie

D’abord, je fais ce que je veux

« On » va quand même pas me dire ce que je dois faire

Je suis pas un gamin, quand même

« On » n’est pas en dictature, je suis libre, non, mais, oh!

Hier, dans la rue, sourire aux lèvres, antennes grandes ouvertes à tous les sens, j’ai écrit un bouquin dans ma tête.
Arrivée dans la foule, les mots se sont envolés sans que je cherche à les rattraper, il était urgent de vivre cette foule, de tester une « dégustation » de café aux épices dans une boutique dont je ne possède pas la carte, de filer regarder couler la Loire vers l’amont, d’aller voir ce qui se passe au bord de l’Erdre, d’entrer dans une exposition, de m’enfuir à l’écoute de certains commentaires, de me promettre d’y revenir, etc.
Sortie de la foule, mon monde s’est rétabli, les mots sont revenus, enrichis, confirmés, assurés.
Et j’ai marché jusqu’à la maison.
En souriant à la vie.

Il est clair que je suis tout à fait « soumise » comme il est clair que je fuis l’enfermement.

Et zut!

Les mots posés, noir sur blanc, me paraissent tellement vidés alors qu’ils explosent d’une sève généreuse et multicolore dans le creuset de mes interrogations infinies.

Et zut, et tant pis…

N’est-il pas nécessaire que les mots se cognent pour envoyer un écho?

Pour jouer plus loin, j’ai ouvert un nouveau dossier hier soir, un dossier au  titre iconoclaste.
Peut-être vais-je y compiler des fils à tricoter.
Peut-être qu’il restera vide.
C’est un simple jeu de déclinaison : parce que j’ai l’intime conviction que la soumission est à la liberté ce que la lumière est à l’ombre, j’ai besoin d’éclairages et je m’en vais aller les chercher, plus loin que ceux qui brillent déjà dans ma bibliothèque.

A suivre…

Une réflexion sur « Plans, objectifs, etc (2) »

  1. Kamaia

    « Pour jouer plus loin, j’ai ouvert un nouveau dossier hier soir, un dossier au titre iconoclaste.
    Peut-être vais-je y compiler des fils à tricoter.
    Peut-être qu’il restera vide. »

    Ça ressemble tellement à ma façon de fonctionner !
    La sérénité de se contenter de l’inachevé ou d’accepter aussi que l’objectif ne soit pas complété.
    Et c’est bien. Et juste comme ça.

    Je t’aime aussi pour ça, parce que tu m’apprends la légèreté de l’acceptation de ne pas TOUT mener à bien, de ne pas TOUT terminer et d’être en paix avec ce « travers personnel »

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