Samedi 23 septembre, étape 23

« L’idée de « Dieu » ouvre une question sur l’idée d’existence et ses niveaux. On l’a vu, le pouvoir d’être ici et là-bas, certaines particules élémentaires l’ont. »
Daniel Sibony, Nom de dieu, Editions du Seuil, 2002, ISBN 2-02-051357-9

Nous avons pris le petit-déjeuner ensemble.
Mes compagnons de nuitée ayant décidé de « faire l’ouverture » de la boulangerie pour acheter du pain, nous sous sommes salués et je suis partie devant.
Il était peu probable que nous rencontrions à nouveau, eux avaient réservé leurs places à Olhette pour la nuit suivante, tandis que j’avais décider d’avancer suffisamment pour arriver sans me presser dimanche midi à Hendaye.

A quelques kilomètres d’Ainhoa, le long  de La Nivelle, la jeune fille doublée la veille était en train de lever le camp. C’était son avant dernier jour de marche et elle n’avait pas l’intention d’en faire beaucoup puisque son terminus du lendemain était Ibardin.
Malgré son jeune âge, elle avait déjà une grande expérience de baroudeuse! Sacrée nana!
Nous avons un peu bavardé, visiblement elle avait envie.

Un passant s’en venant, tout à fait disposé à poursuivre le conversation, je lui ai volontiers laissé la place et j’en ai profité pour tracer!

Après être allé, encore une fois chevaucher la frontière, le GR10 passait par Sare, un des « plus beaux villages de France » à l’égal d’Ainhoa.
Les terrasses ouvraient tout juste, le calme régnait encore dans les ruelles visiblement dédiées aux touristes.
J’ai assouvi ma gourmandise à la boulangerie et friandise à la main, je suis passée à l’église, pour voir.
Sous le porche, un homme racontait l’histoire à un autre. D’évidence, j’avais devant mes yeux le maitre et l’élève. Le propos était érudit… j’ai tendu l’oreille, puis je me suis approchée, attirée par une intense curiosité intellectuelle et j’ai fini par poser mon sac et des questions.
Une conférence quasi private!
Quelle chance!

Nous étions sortis, c’était la fin, il fallait juste regarder le clocher et la plaque sur laquelle est écrit  « Oren guziek dute gizona kolpatzen azkenekoak du hobirat egortzen » ce qui, interprété en français donne le proverbe suivant : « chaque minute compte, la dernière tue ». Les deux copains que j’avais laissé au gite arrivaient.
Ravie et nourrie par ce que je venais d’apprendre, en remerciant l’universitaire pour tout ce qu’il avait bien voulu offrir, je m’effaçais, comme pour leur laisser la place.
Mais la « conférence » était achevée. Quelques minutes plus tard à bord de leur voiture, le maitre et l’élève me saluaient à grand renfort de signes de main.

Ce mystère de la vie, ce mystère qui fait que les personnes extra-ordinaires sont là, juste là près de nous et qui fait aussi que parfois c’est « le » moment, d’autres fois non, ce mystère accapara mes pensées pendant un bout de chemin.

La Rhune approchait.
La Rhune, c’est une montagne mythique, siège de nombreuses légendes locales et riche d’une histoire foisonnante.
Jamais je ne l’avais approché par ce versant.
Je la découvrais sous un nouveau jour.
Au Col des Trois-Fontaines, c’était l’heure de déjeuner.
Assise un peu à l’écart, près du ruisseau qui parcourt la tourbière, j’ai observé les passants.
C’était samedi, il faisait beau, le monde était de sortie.

La descente était assez encombrée par les promeneurs qui montaient, de l’autre côté de la vallée, la montée fut assez encombrée par les promeneurs qui descendaient.
Puis le calme est arrivé avec l’après-midi qui avançait.

Au Col d’Ibardin, c’était la bonne heure pour une bière fraîche.
Sur une terrasse ensoleillée, sans vraiment savoir si j’étais en France ou en Espagne, j’étais bien et c’était bon.
J’avais envie d’avancer encore, de garder seulement une dizaine de kilomètres pour le lendemain.
J’avais envie de trouver un endroit bien sauvage pour dormir une dernière fois « en sauvage ».

Mais la vie est espiègle.
Je me suis égarée, filant trop bas dans la vallée pour espérer caracoler sur les crêtes le lendemain matin, au lever du soleil.
J’ai fait demi-tour, j’ai changé de chemin pour essayer de grimper et je me suis retrouvée… à Ibardin, précisément d’où j’étais partie!
Ibardin et sa mega-zone de « ventas », autant parler d’un centre commercial!
Rien n’avait changé depuis mon premier passage, sinon le temps qui était… passé!
C’était donc dans ce coin que je devais trouver une zone assez isolée.
Et je l’ai trouvée.
Le soleil avait déjà sombré derrière les montagnes, et vraisemblablement derrière l’horizon.
Un camping-cariste qui promenait son chien s’approcha pour discuter deux minutes et il me promit un café chaud pour le lendemain matin.
Rendez-vous fut pris, il devait arriver à 8 heures tapantes devant ma porte!

A suivre…

 

 

Une réflexion sur « Samedi 23 septembre, étape 23 »

  1. Frédérique

    J’adore ce « mystère de la vie », qui me rappelle une question que tu m’avais posée et qui m’avait mis le cerveau en ébullition 😀 « Est-ce le maître qui vient à l’élève ou l’élève qui vient au maître ? » Maintenant mon cerveau ne se met plus en ébullition sur cette question là 😉

    J’ai souri de l’espièglerie de la vie 🙂

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