Un mois plus tard

« On ne peut, je crois, rien connaître par la simple science ; c’est un instrument trop exact et trop dur. Le monde a mille tendresses dans lesquelles il faut se plier pour les comprendre avant de savoir ce que représente leur somme. La certitude géographique est semblable à la certitude anatomique. Vous savez exactement d’où le fleuve part et où il arrive et dans quel sens il coule ; comme vous savez d’où s’oriente le sang à partir d’un cœur, où il passe et ce qu’il arrose. Mais la vraie puissance du fleuve, ce qu’il représente exactement dans le monde, sa mission par rapport à nous, sa lumière intérieure, son charroi de reflets, sa charge sentimentale de souvenirs, ce lit magique qu’il se creuse instantanément dans notre âme, et ce delta par lequel il avance, ses impondérables limons dans les océans intérieurs de la conscience des hommes, la géographie ne vous l’apprend pas plus que l’anatomie n’apprend au chirurgien le mystère des passions. Une autopsie n’éclaire pas sur la noblesse de ce cœur cependant étalé sans mystère, semble-t-il, sur cette table farouchement illuminée à côté des durs instruments explorateurs de la science. Comme les hommes, les pays ont une noblesse qu’on ne peut connaître que par l’approche et par la fréquentation amicale. Et il n’y a pas de plus puissant outil d’approche et de fréquentation que la marche à pied. »

Jean Giono, Rondeur des jours (début du chapitre « Provence »), Collection « L’imaginaire » des Editions Gallimard, 1994,  ISBN 9782072213823

Un mois s’est écoulé depuis le dernier billet posé ici, jour pour jour, un mois!

Ce matin, j’ai tenté de poser quelques lignes sur une page facebook,
Comme chaque année depuis 2012, j’ai besoin de visiter pas à pas les notes accumulées au fil de la randonnée, et c’est ici que je vais dérouler l’histoire. Un mystérieuse réticence  m’empêche de l’exposer sur les réseaux sociaux.
C’est peut-être simplement une question de vitesse, à moins que ce ne soit une question de technique, ou peut-être une affaire de curiosité expérimentale.

Le sais-je?

 

9 réflexions sur « Un mois plus tard »

  1. Christian

    Jean Giono est en forme… Mais ce n’est que son voyage.
    Ton « jour le jour » est lové au fond de ton coeur, laissons le vent et le courant dévoiler ce trésor…

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  2. KaMaïa

    J’aime chaque année découvrir a posteriori ton projet de cette fois.
    Je réalise donc aujourd’hui qu’il n’y avait pas de SUP cette année ! 🙂 Je viendrai voir demain et les autres jours, curieuse de lire tes aventure et toujours étonnée de lire parfois que certaines chose soient éprouvantes car tu sembles tellement forte, dans le sens ancrée, sensée, prudente, qu’il semble impensable que quoi que ce soit puisse être une épreuve, sauf celles que tu te fixes.
    A très vite alors…

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    1. Joelle Auteur de l’article

      KaMaïa,
      🙂
      Avant de poser le mot « épreuve » et ses déclinaisons j’étais (évidemment, of course) allée vérifier que ce mot signifie dans la lexicographie afin de rédiger au plus près de ce que je souhaitais expliquer.
      http://www.cnrtl.fr/definition/%C3%A9preuve
      Le caractère pénible peut être présent ou non et si probablement beaucoup de personnes l’ont accolé aux images publiées sur Facebook, c’est seulement de leur côté du miroir.
      Il y aurait de quoi écrire longuement à ce sujet.
      La non-communication, l’impossible partage, l’incompréhension me posent souvent en situation délicate, m’obligeant à quelques acrobaties pour rester en équilibre… 😀 Il est probable que je suis pas trop nulle quand il s’agit de jouer au funambule, même quand souffle le vent! 😀

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  3. Francis

    Une mystérieuse réticence… une voix sans visage et sans nom, et pourtant si familière et réconfortante… ce que les Maîtres, eux aussi redescendus de la Montagne tellement plus riches de ce qu’ils y avaient ressenti, auraient pu appelé sagesse

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    1. Joelle Auteur de l’article

      Merci Francis
      Nous aurons peut-être le plaisir d’échanger à nouveau sur ce sujet de la « sagesse ».
      Ce soir un billet ouvrira le bal et le feuilleton de « ma traversée » pourra s’écrire au jour le jour tandis que petit à petit j’apprivoiserai une fois de plus le quotidien, semblable et différente, irrésistiblement attirée vers un « plus loin » tranquille et inconnu.
      🙂

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  4. Marie Roure

    Elle viendra… La suite!
    Même si Giono semble avoir tout dit, et de façon magnifique, il ne peut décrire ton ressenti, ni interpréter tes notes. Garde les encore pour toi, telle une mère qui se retiendrait d’accoucher
    en attendant de se sentir de le faire, la bonne date, le bon moment pour elle et pour l’enfant.
    J’espère que tu trouveras une façon de nous dire tes émois, rencontres et impressions, sinon nous serons tou(te)s dépités, de ne rien pouvoir imaginer de ton périple après une telle expérience!

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  5. Frédérique

    Je trouve cette citation de Giono tout simplement magnifique ! La première phrase est sublime, tant par le fond que part la forme.
    J’attends la suite… patiemment. Viendra-t-elle ? Ne viendra-t-elle pas ? Nous verrons 🙂

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    1. Joelle Auteur de l’article

      Oui Frédérique, tu as lu « ça »? Pas facile de me sentir à l’aise pour écrire un truc qui tienne debout après ça!
      Cependant la suite de ma pauvre prose est prête, après avoir trié les images, je peux désormais passer un nouveau cap et commencer à remonter dans les souvenirs.
      Après quelques généralités, je vais rentrer dans le vif du sujet 🙂

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