Visible et Non-visible


« Toucher, c’est se toucher »
Merleau-Ponty, Le visible et l’invisible, Paris, Gallimard, 1964, p. 308.

Il y a un peu moins qu’une année, j’avais partagé cette citation tirée des notes de Merleau-Ponty compilées dans un recueil dont le titre est à lui seul toute une aventure : Le Visible et l’invisible.

Ce matin, dans un commentaire au sujet de cet empilage (celui de la photo) je soulignais la précarité de l’équilibre réalisé. J’effleurais le temps que j’avais mis pour y parvenir.

Les plus perspicaces ont certainement imaginé les chutes, le fracas associé, la balle qui rebondit, les roues qui roulent, etc…
Peut-être pas!

Car l’invisible ne se voit pas.

Et, selon Merleau-Ponty, (page 295 du recueil Le visible et l’invisible), le visible doit être décrit comme invisible. Imaginez!

Dans chaque image, l’invisible est contenu, il se dérobe à la vue des passants pressés qui regardent le regard vide, mais il est là.

Ce qui est est passionnant, de mon point de vue, c’est la possibilité offerte d’un passage à la limite entre visible et invisible.

Ce fil tendu dont je parle et reparle, ce fil si présent et pourtant impalpable, ce « plus loin » si souvent écrit ne constituent rien d’autre que le passage possible, de l’un à l’autre, de l’un vers l’autre, sans que rien ne soit jamais acquis, alors que tout demeure possible.

 

3 réflexions sur « Visible et Non-visible »

  1. Frédérique

    J’ai lu et relu de nombreuses fois ce billet.
    Tu dis « Dans chaque image, l’invisible est contenu, il se dérobe à la vue des passants pressés qui regardent le regard vide, mais il est là. » : voilà, le plus dur pour moi-je est de maintenir ce passage ouvert, car trop souvent je suis emportée par le flux tumultueux de la vie quotidienne et deviens, malgré moi, une de ces gens pressés au regard vide (« sans que rien ne soit jamais acquis » : je suis en plein dedans ! Les moments où l’invisible se déploie s’évanouissent trop vite au moindre aléa extérieur 🙁 Je comprends les ermites 😀 ).
    (J’ajouterais que même parfois, le visible se dérobe à la vue des gens pressés !)
    J’aime ce billet car il m’incite à la persévérance !
    Merci de ce partage !

    Répondre
    1. Joelle Auteur de l’article

      Merci à pour ce retour, je suis ravie de savoir qu’une des phrases a pu faire écho pour toi. Il y a tant à voir, donc à raconter 🙂

      Répondre
  2. joelle jb jt

    22/08/17 : Après l’éloge de la lenteur selon Giono partagée au beau milieu de la nuit, tendre la main à « L’être-temps » avant d’aller au RV du petit matin participe à l’intense jubilation du moment. C’est une sensation proche de celle qui est ressentie sur une longue vague, au moment précis où il est temps d’en sortir parce qu’il faut une fin pour pouvoir commencer à nouveau.
    Il me semble indispensable de poser cette « note perso » sous ce billet quand autant de reflets ricochent et autant d’échos miroitent.
    Voilà qui est fait! 🙂

    Répondre

Répondre à Frédérique Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *