Etre et habiter

Etre et habiter, donne le sens d’un mouvement, il faut commencer par être avant d’habiter, c’est à dire avant « d’être dans », car comment habiter sans être?

Bien qu’infatigable quand il s’agit d’argumenter un monde multidimensionnel, un monde bien moins binaire qu’il est commun de le définir, j’assume l’ombre et la lumière, le calme et la tempête, le vide et le plein, l’absence et la présence comme autant de contraires qui obligent à s’élever, qui forcent à être, sans concession.

J’apprécie intensément les moments privilégiés de conversations avec quelques rares personnes qui habitent très fort leur parole.
Dans notre environnement où il est tellement question de consommer, de parler de la pluie et du beau temps histoire d’oublier le temps qui passe, de parler au mur, de parler dans le vide ou de parler en l’air, comment ne pas apprécier les instants rares de conversation habitée?

Ces moments là sont impossibles à préparer.
Ils sont.
Autant, il est facile de préparer un déguisement, d’apprendre un rôle et même de réussir à le tenir sans trop de fausses notes, autant il est vain de prévoir à quel moment une conversation passera du banal à l’exceptionnel.
Remarquablement, il existe quelques personnes qui possèdent un don particulier, elles sont entières et jouent très imparfaitement les rôles qu’on leur suggère. Quand le mouvement de la vie et le brassage provoqué les invitent au passage de ma vie, je mesure le privilège qui m’est accordé.
Ces personnes là habitent leur parole.
Partager un temps de conversation avec elles est toujours touchant, émouvant, fort, questionnant, élevant.

J’ai vécu à l’époque des contes de fées. Mon enfance était dépourvue des comics et autres lectures qui font le quotidien des enfants d’aujourd’hui, mon imaginaire est donc bâti avec ce dont il a pu disposer. Un de mes contes préféré était celui de la belle au bois dormant.
De la tendre enfance à la grande adolescence, je n’ai lu que les versions intégrales de Perrault (1697) ou de Grimm (1812) avec d’autant plus d’assiduité que je lisais mieux, plus vite et donc plus en « profondeur ». Les livres étaient épais, sans images, mon univers s’inventait au fil du temps qui passait, semblable et différent au fur et à mesure que j’enregistrais de nouvelles expériences, au fur et à mesure que s’enrichissaient mes connaissances.
Sept fées chez Perrault, douze femmes sages chez Grimm, et celles qui ne sont pas invitées et qui profèrent de « mauvais voeux » et celles qui attendaient leur tour pour tout arranger entre puissance et impuissance relative.
Je pouvais rester des heures à « méditer » ce passage autant chez Perrault que chez Grimm. Le reste du conte n’était que la suite logique, il m’importait finalement peu.
C’est peut-être ainsi que j’ai eu envie de m’essayer au rôle de « bonne fée » qui passe quand vient son tour.
Entre puissance et non-puissance
Tout est tellement relatif.

Dans le conte, qu’il s’agisse de fées ou de femmes sages, il n’est jamais question d’une profession, d’une corporation ou de quoi que ce soit de contemporain à aujourd’hui. Il est question de personnes et de personnages.

Ceci explique peut-être cela.

Par contre, les étoiles étaient bien présentes et ceci explique sûrement cela.

 

 

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