Aujourd’hui l’homme est encore
Trop faible
Pour supporter sa faiblesse
Il doit devenir fort
Pour s’accepter vulnérable
Jean-Yves Leloup, Déserts, Le Fennec Editeur, 1993, ISBN 2-910297-00-4
Cette citation fut ma compagne, notée sur chaque agenda, chaque nouvelle année, à partir du jour où je l’ai rencontrée (en 1994) et pendant tout le temps où j’exerçais au plus près des personnes.
Pourquoi la ressortir aujourd’hui?
Certainement est-ce nécessaire de la lire, la re-lire, la lier, la délier et la relier à ce que je sens de chaque instant.
Certainement?
Le sais-je?
Certainement pas!
Je pensais ce matin…
Je pensais qu’il est facile de poser des actions les unes à côté des autres, infiniment!
Aussi infiniment que notre finitude le permet.
Et je pensais plus loin,
Plus haut.
Quand il s’agit d’entrevoir la verticalité, le sens vertical de notre être,
L’aventure commence.
Empiler les actions, de plus en plus haut
Ramène inévitablement à la terre
Tout en bas.
Parce que c’est tout en bas que surgissent les sources qui fortifient les racines
Et que sans racines, il est vain d’imaginer s’élever.
Poser une pierre au dessus de l’autre
Puis une autre
Puis une autre
Puis une autre
Sentir la facilité, poursuivre
Sentir la fragilité, ralentir
Sentir l’impalpable, entrevoir le but,
En respirant imperceptiblement
En imaginant un geste plus léger qu’une plume,
Essayer d’ajouter un grain
Seulement un grain
Et sentir l’ensemble qui vacille
Et hésiter
Et renoncer.
Et quand, o grâce, o magie
Une voix murmure « c’est possible, essaye »
Et quand, o bonheur intense
L’équilibre est atteint
Comment décrire la gratitude?
Et que le vent passe
Et que l’équilibre se rompe
Et que sous nos yeux disparaisse l’instant
Qu’importe?
Il y a eu la grâce
Il y a eu la magie
Il y a eu le bonheur
Intensément!
Alors, il devient pressant d’empiler et de regarder plus loin, plus haut,
Vulnérable et heureuse.
Vraiment.