Destin Subsidiaire

Déesse 8

De retour vers l’écriture, beaucoup plus vite que je n’aurais pu l’espérer. Mais inutile de se méprendre, en moyenne, chaque jour ne tisse pas plus d’une page suffisamment plaisante pour être archivée.

Bien que tout semble en cours d’organisation, l’édifice est encore bien fragile et il est trop tôt pour étaler l’enduit en applâts.

La patience s’allie avec l’impatience, une maille à l’endroit, une maille à l’envers. Et… il est bon de noter que je suis nulle en tricot!

 

« Les quelques souvenirs recueillis auprès des anciens semblaient infiniment plus flous que les paysages de landes embrumés sauvés par la numérisation. Sur les images pixelisées, Lorie voyait les mains d’Annette jeune sage-femme, jeune mère. Elle enregistrait les moindres de ses gestes, ses épaules frêles et solides, son ventre arrondi de femme mature, la profondeur de son regard, la dextérité de ses doigts au tricot. Face à elle, il était possible de balayer tous les doutes, toutes les rumeurs et toutes les constructions imaginaires.

Lorie avait un goût prononcé pour les mots. Les consonances devenant musique, s’envolaient en homonymies. Son imagination adaptait la fable à la vie d’Annette et soudain, le film devenait plus visionnaire encore. Elle y voyait le « poème de la mère ». »