Déesse 1
Fin juillet 2010
Elle attend.
Dans le sud, au coeur du pays cathare, loin de l’océan et de ses embruns atlantiques, elle se promène. Au rythme de ses pas dans les chemins poussiéreux de sécheresse, entre vignes et figuiers, monte le souvenir d’une fin d’été. Deux années auparavant, ou presque, les figues étaient rondes, mûres, juteuses à craquer et le raisin attendait la vendange. Au jour dit, elle avait envoyé le fichier texte qui allait devenir son premier livre. Comme aujourd’hui, Elle était « descendu » pour attendre.
Depuis plus de dix ans, sa vie se dessine ainsi, sans la moindre date fixe, de rendez-vous en rendez-vous, d’appel en appel, quel que soit l’heure du jour ou de la nuit.
Tandis qu’elle marche, les mots se pressent, s’accumulent et passent. Comme les nuages de beau temps, ils s’assemblent en paysages, en gentils monstres, en redoutables pièges, s’échevelant parfois dans les rafales, fuyant d’un regard à l’autre, se perdant souvent sur des fils improbables.
Elle sourit. Tout est semblable mais tout est différent. Certains pourraient affirmer qu’une boucle se ferme, ce serait oublier la dimension temps qui fait que tout avance, que jamais vie ne repasse le même chemin.
Dans quelques jours, dans quelques heures, elle sera dans un petit appartement du centre de Narbonne, comme elle le fut un jour de septembre 2008. Comme à chaque fois, dans ces mêmes circonstances, elle prononcera quelques paroles destinées à l’agrandissement de la confiance, se taira beaucoup et ne fera pas grand-chose. Pour l’instant, elle est entre la fin et le commencement, à moins que ce ne soit l’inverse.