Vitesse de croisière

Passages de vies 3
Les semaines se succédaient et la rédaction de la « commande » envahissait les heures.
Ayant décidé de partager, à travers ces pages offertes, ce que je raconte habituellement dans l’intimité du salon, il me fallait tout vérifier. Les mots sur le papier étant définitifs, ils devaient être précis.
Certains jours de vacances, quand la famille était au loin, je me laissais embarquer. Derrière une explication, il fallait chercher l’autre; celle qui validant l’inexplicable « pourquoi », contournait le « comment » et ouvrait sur dix nouvelles questions. Je ne surfais pas, je flottais, ballottée d’émerveillements en ravissements. Et puis il restait à faire la synthèse comme on fait réduire une sauce, à petit feu, patiemment. C’était l’heure où la faim débarquait. Après 6 à 8 heures non-stop, je pausais.
Alors, les phrases s’alignaient et je n’avais plus qu’à les poser.

J’ai eu besoin de l’accompagnement bienveillant et non-complaisant de fidèles amies. Elles seules pouvaient regarder de loin et me renvoyer aux manquements ou aux insuffisances.

Le travail de recherche constitua un objectif. je l’avais divisé en trois parts: l’histoire, l’anatomie, la physiologie.
Étrangement, ces trois pavés étaient à la fois le fondement et l’échafaudage d’une construction au plan mouvant. Tout restait à faire.

Le temps filait et l’ouvrage n’avançait pas.
Les vies passaient.
Les bourgeons s’enflaient.
Je contemplais le jardin…