A partir de là

Passage de vies 2

Dès ces semaines, j’ai saoulé toutes les personnes rencontrées avec ce projet multiplié.

Je gardais le planning initial, je travaillais en parallèle. Cependant selon le moment certains traits étaient larges, d’autres en pointillé, voire transparents.
La vie poursuivait ses passages, même au delà des frontières, dessinant des bulles de mots absents.

Depuis le temps que je gratte les cahiers et les blocs notes, depuis le temps que je suis passée au clavier, je connais les hauts et les bas, les jours déserts ou d’abondance, les turbulences et les débordements. Heureusement!
Je sais aussi ma paresse incommensurable et l’energie folle qui se libère par à coup. Je procrastine efficacement, l’urgence étant un stimulant incomparable.

En décembre, j’étais devant deux immenses puzzles en vrac, et je n’avais pas commencé le tri des couleurs.
L’un était un rêve dont j’avais pris la commande.
L’autre était une commande de rêve.
L’un allait engloutir une petite fortune.
L’autre pouvait rapporter quelques sous.

Ni l’un, ni l’autre n’étaient parfaitement pondérables. Les deux m’habitaient de manière différente et semblable.

En décembre, je restais scotchée sur le tapis rouge. D’un coup, je prenais conscience de ma prétention: j’avais des trucs à raconter, super importants. La censure s’agitait et l’idée en était inacceptable. Le trait s’arrêtait là, le puzzle restait en vrac, une immense lassitude m’envahissait. Je suis restée en pause.

Puis… J’ai partagé ce malaise avec la correspondante de la maison d’édition. Dans l’enthousiasme initial, nous n’avions pas mis grand chose au point. le sujet de la naissance étant parfaitement infini: c’est la vie, la vivance, la manière d’être et de naître…
Après une longue conversation téléphonique, je n’étais guère plus avancée MAIS j’avais quelques cartes en main de manière certaine. Enfin… Il serait plus juste de dire que j’ai eu l’impression à ce moment là de tenir ces cartes là. C’était le plus important.

Il n’y avait pas de limite au nombre de page, il n’y avait pas de censure.Libérée, la bride sur le cou, je repartais au petit trot…